Babu Ambroise BAZIE
  Histoire coloniale
 

Université de Ouagadougou                                            BURKINA FASO

…………………………….                                        ……………………………  

UFR /Sciences Humaines                                            Unité - Progrès - Justice

…………………………….

 Histoire et Archéologie II

………………………………

  BURKINA du XIX en 1960

………………………………..

Année académique 2007-2008

 

 

 

 

 

                                                                                                                                                                                                                             

 

            BINGER ET LES PAYS 

        DE LA  HAUTE VOLTA

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

                  SOUS LA DIRECTION DU DR SISSAO

 

 

 

                               

 

 

                            PLAN

 

 

 

INTRODUCTION

 

I BINGER DANS LES TERRITOIRES DE LA HAUTE VOLTA

 

1 Binger

2 Les Pays de la Haute Volta

3 Les Objectifs Visés

 

II  LES PAYS TRAVERSES

 

1 Le Moogho

2 L’Ouest

 

III LA PORTEE DE L’EXPLORATION

 

1 Le Regard de Binger

2 Les Résultats

* Sur les pays de la Haute Volta

* Sur la métropole

 

CONCLUSION

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

INTRODUCTION

 

   Au lendemain de la conférence de Berlin quatre missions françaises furent effectuées de manière rapprochée dans les pays arrosés par les Voltas. Ci celle confiée à Monteil parut viser des horizons plus lointains, elle répondait autant que les missions Binger, Spitzer et Crozat au même objectif.

   Au Soudan, la France tenait solidement ses positions conquises. Samory son adversaire intraitable affichait les meilleures intentions de paix, lorsque démarra la mission du capitaine Binger. En effet soulignons que les objectifs politiques furent toujours enrobés de considérations strictement humanitaires ou mercantiles pour ne pas susciter des soupçons des chefs indigènes. Nous ne retiendrons dans notre étude que la traversée des pays voltaïques et les connaissances que Binger nous en donne.

 

I BINGER DANS LES TERRITOIRES DE LA HAUTE VOLTA

 

1 Binger

     Louis Gustave Binger né le 14 octobre 1856 explorateur de l’ Afrique Occidentale, premier Gouverneur de la Côte d’Ivoire, Directeur des Affaires d’Afrique au Ministère des Colonies. Ayant été au cours de ses deux grandes expéditions, tour à tour, botaniste, zoologue, géographe, sociologue, géologue, ethnologue et  s’est entouré de photographes. Il a participé à la construction de l’Afrique moderne.    

 

* Explorateur 

    Au cours de trois séjours qu’il effectua au Sénégal et dans les pays voisins, Binger attira l’attention du gouverneur français Faidherbe. Celui-ci le soutint dans son entreprise ambitieuse de traverser l’Afrique de l'Ouest depuis le cours supérieur du Niger jusqu’à la côte de Guinée. Parti en 1887 de Bamako, Binger traversa Tenetou et Sikasso (actuel Mali), avant de se diriger au sud vers Kong, qu’il atteignit le 20 février 1888.

Il y constata que les « montagnes de Kong » qui figuraient jusque là sur les cartes n’avaient aucune existence réelle. En revanche il démarqua l’étroite ligne de séparation des eaux entre les affluents du Niger et les fleuves qui coulent en direction du Golfe de Guinée, comme la Comoé ou le Bandama.

    De Kong, Binger se dirigea vers le nord, et par Boromo (sur la Volta noire) vers Ouagadougou, qui se situe plus à l’est. De là, forcé de faire un détour au sud par l’actuel Ghana, il atteignit en octobre Salaga via Gurunsi, puis Kintampo et Bondoukou. Le 5 janvier 1889 il fit sa jonction avec Treich-Laplène qui avait été envoyé à sa rencontre, et il poursuivit avec lui son expédition jusqu’à Grand-Bassam (Côte d’Ivoire actuelle). Par des traités avec les chefs locaux à Tieba, Kong et Bondoukou, il plaça les contrées éloignées situées entre le Haut Niger et le Golfe de Guinée sous l’influence française et ouvrit de nouvelles voies au trafic commercial vers la colonie française de Grand-Bassam.

 

* L'administrateur

    Binger décrivit son voyage dans son ouvrage en deux volumes Du Niger au Golfe de Guinée (Paris, 1891). En 1892, il fut placé à la tête d’une mission française, qui devait délimiter la frontière entre les territoires français et anglais dans le pays Ashanti. Il fut ensuite, de 1893 à 1898, gouverneur de la Côte d’Ivoire française, puis en 1898 il fut nommé Directeur au Ministère français des Colonies.

    Louis Gustave Binger mourut le 10 novembre 1936 à L'Isle-Adam, à 80 ans. Il est inhumé au cimetière du Montparnasse à Paris.

La ville de Bingerville, qui fut la seconde capitale de la Côte d’Ivoire, après Grand-Bassam et avant Abidjan, porte encore son nom aujourd’hui.

 

 

2 Les Pays de la Haute Volta

   Dans la deuxième moitié du XIXe siècle trois types d’organisation socio politique et économique se partagent les pays de la haute volta. Au Centre, à l’Est et au Nord habitent des sociétés à organisation centralisée où l’institution étatique est un trait dominant : royaume mossi, royaume Goulmanceba, émirat et chefferie. La plus part des sociétés de l’Ouest connaissent une organisation de type <villageois> où le principe résidentiel vient renforcer la dimension lignagère encore présentent Bwa, Bobo, Senoufo. Enfin la quasi totalité des sociétés du Sud et du Sud-Ouest présente une organisation < lignagère> Birifore, Dagara, Lobi, Gurunsi et les sociétés non centralisées Marka, Samo … réfractaires à toute domination politique.

 

3 Les Objectifs Visés

    Une des analogues entre la mission de Binger et celle de Van François réside dans l’insignifiance de leur acquis politiques immédiats, principalement dans les pays voltaïques. Autrement la mission de François fut plus grandiose et son récit connut une plus large diffusion. Le capitaine Binger comptait à son actif deux séjours africains lorsqu’il projeta son périple. L’objectif politique de son voyage s’exprima clairement dans ses proportions et ses plans d’exécution. La France voulait consolider l’avance acquise dans cette partie du monde. Pour ce fait elle estima urgent de relier les établissements du Soudan français à ceux du Golf de Guinée. Cet argument fut repris comme un leitmotiv par la majorité des missions jusqu’à la conquête. Soulignons que ces objectifs pacifiques furent toujours enrobés de considérations strictement humanitaires ou mercantiles pour ne pas susciter les soupçons des indigènes. «  Préparer par des négociations politiques et commerciales avec les chefs  des régions traversées ; la prise de possession effective de la sphère d’influence française ».

 

II  LES PAYS TRAVERSES

 

1 Le Moogho

   Le 5 Juin 1888, Binger atteignit le premier village, Bouganiema « les mossi ne sont pas importuns dit il, personne n’est venu m’ennuyer » Le 8 Juin Binger est reçu à Banema par Boukary frère du Moogho Naba. Apres la fête de Ramadan il est conduit à Ouaga pour une entrevue avec Naba Sanem. Le 15 juin 1888, l’explorateur est dans la capitale mossi sous une pluie torrentielle, il fut conduit chez la veuve Baouré, la princesse qui hébergea Krause. Au cours des premiers jours, les rapports entre l’explorateur et le Moogho Naba furent empruntés de cordialités. Les choses se gâtèrent lorsqu’au bout de 5 jours Binger révéla son intention de continuer son voyage vers le Yatenga. L’empereur refusa de l’autoriser d’y aller et lui interdit de se diriger vers l’Est, c'est-à-dire vers les grands marchés du Nord du pays ashanti. Seule la route qui l’avait conduit a Ouaga lui était ouverte. Malgré ces incidents l’explorateur attendu encore 20 jours ; il espérait d’une part obtenir la signature du traité de protectorat dont la promesse lui avait été faite au cours d’une entrevue. Au bout de cette année, il ne reçut en compensation que deux mauvais ânes et une nouvelle injonction de devoir quitter la ville. Le 10 juillet Binger quitta Ouagadougou amèrement. La vieille querelle qui opposait le prince Boukary exilé à Banema Naba Sanem allait servir les intérêts de Binger. En effet ignorant l’ordre de son frère qui prescrivait de diriger le Blanc sur Ouahabou, Boukary décida de l’acheminer sur Gambaga. Cette fois ci le séjour de l’explorateur dura neuf jours et l’accueil fut aussi amical qu’au premier. Comblé de cadeaux et doté de trois femmes Binger prit congé de son ami. Le 22 juillet en direction de Salaga par le pays Kassena.

  

2 L’Ouest et les Pays Gourounsi

 Parti de Saint Louis le 12 Mars 1887 Binger avant d’entrer à Kong le 20 Février 1888 fut reçu de manière forte courtoise par Samory qui assiégeait Sikasso, il reçut du chef Karamokho Oulé un sauf conduit qui lui permit de franchir facilement la région le séparant de Bobo Dioulasso et dominaient les Watara. La population afficha une hostilité ouverte bien que Binger craignit une attaque armée. Apres avoir traversé les pays Khomono Dokhossé et Tiéfo, Binger entra à Bobo Dioulasso le 19 Avril 1888. Les Watara de Kong recommandait à la princesse Guimbi Ouatara leur parente qui résidait au quartier de Kombougou. Mais Binger ne put entrer en relation avec les chefs Bobo. En effet ses sujets le menacèrent de mort. Il faut Souligner que Bobo Dioulasso se situait au carrefour des routes commerciales reliant Djenné à Kong. Avec sa diplomatie et son influence Guimbi put approvisionner Binger et ses hommes. Binger partit de Bobo le 25 Avril pour Kotédougou où le chef Kongondin refusa de le recevoir. Malgré cette déception ce pessimiste Binger traversa agréablement le pays Bwa. En effet il est reçu par le chef Doufiné le 15 Mai 1888 à Boudoukuy le 17 Mai, Binger est à Ouakara. Il visita respectivement Yaho, Bagassi le 18 Avril et le 10 Mai  avant d’entrer à Wahabu le 20. En depit de l’entente de deux jours Binger fut accueilli par Karamokho Mouktar qui le fit protéger par ses cavaliers jusqu’à Boromo où il arriva le 26 Mai. Mais l’une des visites de Binger encore mémorable est sa traversée du pays Kassena plus précisément le village de Tiakané situé à sept (07) Km de Pô. Binger a immortalisé son séjour à Tiakané et dans le pays Kassena. Dans le livre «  du Niger au Golf de Guinée par le pays Kong et Mossi 1887-1889 ». Il donna quelques informations topographiques et géographiques quelque peu inadéquates. Lors de son séjour Binger a été hébergé dans une case au sein de la concession du chef de Village de Tiakané et dont malheureusement ne reste aujourd’hui en ruine.

 Selon Boliou Kommon chef délégué du village et son père Boliou Alira « le Blanc Binger était poursuivi par les Zaberma du Niger et a été sauvé par l’hospitalité du chef de Tiakané (Boliou Nigué) Binger aurait été très bien accueilli par le chef, les deux hommes se seraient parfaitement entendus (…). Le chef avait partagé les quartiers pour que chacun d’eux prépare à tour de rôle à manger à leur hôte … » Pour les villageois, Binger aurait été très reconnaissant envers les habitants de Tiakané et ils en veulent pour preuve la construction en 1979 de l’école de Tiakané par les petits fils du capitaine. Le village aurait même reçu de l’argent pour la construction et l’entretien de la case de la concession du chef où il a été reçu.

 

 

 

III LA PORTEE DE L’EXPLORATION

 

1 Le Regard de Binger

   Le capitaine Binger fit de son voyage une relation très détaillée, riche en information. Sur cette partie de l’Afrique tout comme les autres explorateurs de son époque, il n’eut d’yeux que pour voir des détails lui permettant de remplir ces objectifs visés quelques exceptions faites. Curieux de tout, fin observateur, il décrivit avec munitie les comportements des gens, leurs coutumes, leurs cadres de vie, les échanges commerciaux. Disons par ailleurs que le portrait social et des modes de vie de Binger sont fortement dépendants de l’accueil que lui avaient réservé les voltaïques. Par exemple il fustige, le Moogho Naba Sanem et son peuple mauvais hôte. Il décrit Ouagadougou comme un < bas fond marécageux et puant, infesté de sangsues et dont la majorité des habitants souffraient de filariose. Ce que l’on est convenu d’appeler palais et sérail n’est autre qu’un groupe de misérables cases entourées de tas d’ordures autour desquelles se trouvent des paillotes servant d’écuries et de logement pour captifs> Quand au pays Kassena il eut des perceptions nettement mieux. Car il a eu un accueil favorable. En outre il rapporta les traditions historiques et spécula sur l’avenir économique des pays.

 

2 Les Résultats

* Sur les pays de la Haute Volta

    L’analyse de l’impacte de la mission de Binger sur les pays voltaïques parait peu complexe. Il faut d’abord percevoir ce qui est immédiat et ce qui fut postérieur. En fait la conquête et la colonisation des pays voltaïques par les français à la fin du XIXe siècle sont fortement liées aux missions d’exploration de Binger et tous ses successeurs. Pour Naba Sanem et ses contemporains, Binger était un espion. Il n’était rien d’autre que l’avant-garde des troupes du Soudan. Donc disons que la visite de Binger dans le moogho a crée un sentiment de peur et celui d’être envahi par les Blancs même s’ils créent de l’enthousiasme ailleurs.

    Dans le pays Kassena, la mémoire de l’explorateur Binger est très vivante. Pour venir en aide à la population du village de Tiakane, une association s’est constituée pour contribuer à la promotion et à la sauvegarde de ma “case Binger“ et globalement à la concession du chef de Tiakane  (association pour la promotion et la sauvegarde de la “ case Binger “ APSCB). Un projet de réhabilitation de toute la concession du chef de village incluant pour valoriser et préserver ce patrimoine afin de le transmettre aux générations futures.

 

* Sur la métropole

  Les résultats obtenus par Binger avaient ils répondus aux objectifs politiques qu’il s’était fixés ? La réponse parait largement négative. A Ouaga le français se soumet aux humeurs du Moogho Naba dans l’unique espoir de lui soutirer un traité. Il n’en obtint aucun auprès des chefs voltaïques. Les rapports ombrageux qu’il eut avec l’empereur mossi firent naître en lui plutôt une rancœur tenace. Mais les objectifs fixés économiquement paraissaient avoir une bonne perspective. Il a pu informer de la métropole de la présence des produits européens à Bobo. Le moogho et les régions sont eux de vastes marchés. A cet effet il dit que « la proportion des marchandises européennes dans les transactions pourrait certainement entrer pour moitié dans la valeur totale des importation si notre commerce veut sérieusement s’en mêler » De même si le plan militaire on pourrait dire que Binger a pu découvrir le secret de la sécurité dont jouit le moogho depuis belle lurette en dépit des guerres tribales. Il a en effet affirmé que la puissance militaire tant glorifiée des mossi relevant de la légende. Car «  si le mossi a été longtemps à l’abri des incursions de ses puissants voisins, ce fut grâce à une ceinture de peuple inférieur et en retard qui constituaient autour de lui une sorte de rempart. » Par ailleurs son portrait de négation sur les sociétés voltaïques fut exploité comme le fondement de la colonisation : il faut sauver cette population de cette misère telles les raisons humanitaires.

 

 

 

CONCLUSION

 

  Le trajet de Binger dans les pays de la haute volta a souvent été bénéfique pour la métropole malgré une description souvent négative à l’égard de certains  peuples bien sûr des pays de la haute volta. Ce pendant retenons que certains peuples des pays de la haute volta ne lui ont pas réservé le même accueil et cela n’a pas empêché que la fin des explorations annoncent l’avènement de la colonisation.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

BIBLIOGRAPHIE

 

* Encyclopédie Universalis corpus 4

 

*  Kambou Ferrand, Ki Zerbo J, 1993 peuples voltaïques et conquête coloniale, 1885 -1914, Burkina Faso, Paris, l’Harmattan, 480 pages

 

* Madiega Y George, Nao Oumarou, 1999, Burkina Faso : Cent ans d’Histoire (1895 -1995)

      Tome 1: Colloque International sur l’histoire du Burkina, PUO, 1999, 1239 pages

 

 *Monnier Yves, 1999, l’Afrique dans l’imaginaire français ; fin du XIXe siècle début du XXe siècle, paris, l’Harmattan

 

 

WEBBOGRAPHIE

 

* www.culture.gov.bf

 

* www. Journalbendre.net / Bokari koutou et Binger à la grande prière du ramadan de 1888

 

 

 

 

 

 

 
  Aujourd'hui sont déjà 1 visiteurs (1 hits) Ici!  
 
Ce site web a été créé gratuitement avec Ma-page.fr. Tu veux aussi ton propre site web ?
S'inscrire gratuitement